Crise de la brique : la Wallonie picarde en première ligne avec Wienerberger et la Briqueterie de Ploegsteert
L’année 2024 restera comme une année noire pour l’industrie belge de la brique. La production nationale a atteint son niveau le plus bas depuis plus de 25 ans, et la Wallonie picarde, région historiquement liée à la terre cuite, n’est pas épargnée. Les entreprises Wienerberger et les Briqueteries de Ploegsteert, toutes deux solidement implantées dans notre territoire, subissent de plein fouet les effets d’un marché de la construction en net ralentissement.
Le personnel est-il menacé ?
À ce jour, aucune annonce officielle ne signale de suppressions d’emplois en Wallonie picarde. Toutefois, des exemples récents en France montrent que le ralentissement de la demande peut entraîner :
- du chômage partiel,
- des ajustements d’horaires,
- voire des arrêts temporaires de production.
Les salariés locaux peuvent donc légitimement s’inquiéter si la situation perdure. La stabilité de l’emploi dépendra fortement d’une reprise du marché ou d’un soutien public au secteur.
La Wallonie picarde, un cœur industriel touché
Notre région abrite plusieurs sites de production majeurs :
Wienerberger, un géant international
Fondé à Vienne en 1819, Wienerberger est aujourd’hui un acteur mondial de la construction et de l’infrastructure. Présent dans plus de 30 pays, le groupe propose :
- des solutions pour l’enveloppe du bâtiment (briques, tuiles, façades),
- des systèmes pour la gestion de l’eau et de l’énergie (canalisations, drainage),
- des produits pour la construction neuve et la rénovation.
En Wallonie picarde, Wienerberger est implanté à :
- Péruwelz et Tournai : briques de parement,
- Mouscron : tuiles en terre cuite.
Les Briqueteries de Ploegsteert, un fleuron familial
Membre du groupe industriel Debinco, cette entreprise familiale belge est un acteur historique de la région. Implantée à Ploegsteert (Comines-Warneton) et Barry (Tournai), elle produit :
- des briques de parement,
- des blocs pour murs intérieurs,
- des planchers en linteaux.
Engagée dans une démarche environnementale exemplaire, elle valorise ses déchets, récupère la chaleur de ses fours et réhabilite ses carrières en réserves naturelles (150 hectares).
Permis de construire : un signal d’alarme
En 2024, 44.015 permis ont été délivrés pour la construction de maisons unifamiliales et d’appartements en Belgique, soit une chute de 13 % par rapport à 2023. Il s’agit du niveau le plus bas depuis 2002. Même la rénovation résidentielle, habituellement plus stable, a reculé de 4 %.
Cette tendance impacte toute la chaîne, y compris les distributeurs régionaux comme BigMat, Gedimat, Matériaux de la Scarpe ou Matériaux Delhez, qui constatent une baisse de la demande.
Une production nationale en fort recul
Selon le rapport annuel de la Fédération belge de la brique, la production totale en 2024 s’est effondrée à 1.611.000 tonnes, soit une baisse de 26 % par rapport à 2023. Cette chute concerne :
- 630.000 tonnes de briques pour maçonnerie ordinaire,
- 981.000 tonnes de briques de parement,
- 663.517 m² de plaquettes en terre cuite,
- 1.013.719 m² de briques de parement en écoformats.
Malgré une part d’exportation importante (42 %, principalement vers le Royaume-Uni et les Pays-Bas), le marché intérieur ne parvient plus à soutenir l’activité.
Des besoins structurels toujours présents
Paradoxalement, les besoins en logements restent élevés. Selon Embuild, plus de 400.000 logements abordables devront être construits d’ici 2030 pour répondre à l’évolution démographique (familles monoparentales, seniors, célibataires). De plus, les objectifs climatiques européens imposent une accélération de la rénovation énergétique des bâtiments existants.
Une fédération mobilisée pour l’avenir
Face à ces défis, la Fédération belge de la brique entend concentrer ses efforts en 2025 sur :
- La durabilité des matériaux,
- L’innovation dans les formats et procédés,
- Le soutien à une construction responsable.
L’objectif : permettre à des matériaux comme la brique de jouer un rôle central dans la transition écologique du secteur.
Une industrie locale à préserver
Malgré la crise, les entreprises de la Wallonie picarde disposent d’atouts solides : un ancrage local fort, un savoir-faire reconnu, et une vision tournée vers l’avenir. Leur résilience pourrait bien être la clé d’un rebond durable, au service d’une construction plus verte et plus responsable.
