Perdrix grise : pas de chasse en Wallonie picarde en 2025, les conseils cynégétiques en attente d’un cadre clair

La chasse à la perdrix grise ne sera pas autorisée en Wallonie à l’automne 2025. En Wallonie picarde, six conseils cynégétiques sont directement concernés par cette suspension, dans l’attente d’un cadre juridique solide pour relancer une gestion durable de l’espèce dès 2026.
Une espèce en danger, une chasse suspendue
La perdrix grise, autrefois emblématique des plaines agricoles de Wallonie picarde, est aujourd’hui classée comme espèce en danger depuis 2022. En raison de délais trop courts et de l’absence de plans de gestion juridiquement validés, la ministre wallonne de l’Environnement, Anne-Catherine Dalcq, a annoncé que la chasse ne serait pas ouverte en 2025. Cette décision fait suite à un arrêt du Conseil d’État, qui impose désormais des plans triennaux pour encadrer toute chasse de cette espèce fragile. Ces plans doivent inclure des mesures de suivi des populations, de restauration des habitats, de régulation des prédateurs et de gestion des prélèvements.
Six conseils cynégétiques mobilisés en Wallonie picarde
En Wallonie picarde, six conseils cynégétiques sont concernés par cette suspension et pourraient être amenés à déposer un plan de gestion dès que le cadre réglementaire sera précisé :
- UGCTF : Unité de Gestion Cynégétique de Tournai Frontière
- UGCVE : Unité de Gestion Cynégétique de la Vallée de l’Escaut
- UGCVV : Unité de Gestion Cynégétique du Val de Verne
- CCCW : Conseil Cynégétique de Comines-Warneton
- CCPV : Conseil Cynégétique du Pays Vert
- CCPC : Conseil Cynégétique du Pays des Collines
Ces structures locales, qui regroupent les détenteurs de droits de chasse, sont en attente d’un arrêté ministériel attendu dans les prochaines semaines, qui fixera les modalités précises de validation et de suivi des plans. En 2024-2025, 17 conseils cynégétiques à l’échelle wallonne étaient déjà engagés dans cette démarche.
Une mobilisation locale à renforcer

La mobilisation des chasseurs et des gestionnaires de territoire reste essentielle pour espérer une reprise encadrée en 2026. Cela implique des efforts en matière de comptage de populations, de gestion écologique des milieux agricoles, et de sensibilisation des agriculteurs. Des outils comme les drones, les caméras automatiques et l’imagerie satellite sont désormais utilisés pour améliorer le suivi des habitats. La Région wallonne encourage les territoires à s’engager dans cette voie pour garantir une présence durable de la perdrix grise, tout en encadrant strictement les prélèvements.
Un tournant juridique en 2021
Le débat sur la chasse à la perdrix grise a connu un tournant majeur en 2021, lorsque la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO) a saisi le Conseil d’État pour contester les plans de gestion de dix conseils cynégétiques. Le 16 novembre 2021, le Conseil d’État a donné raison à la Ligue en suspendant la chasse dans neuf territoires, dont Tournai-Frontière, Val de Verne et Vallée de l’Escaut en Wallonie picarde. Ces recours ont mis en lumière le déclin alarmant de 92,4 % des populations de perdrix grises en Wallonie sur 30 ans, et ont dénoncé les pratiques de repeuplement non durables, notamment les lâchers de tir, jugés néfastes pour les populations naturelles. Cette décision a conduit à l’invalidation des plans de gestion en vigueur et à une remise à plat complète du cadre réglementaire, ouvrant la voie à une réforme profonde de la gestion cynégétique de l’espèce.

Une défense active de la chasse encadrée
Face à la suspension de la chasse à la perdrix grise, le Royal Saint Hubert Club de Belgique (RSHCB) défend une approche de gestion durable et encadrée, estimant que les chasseurs ne doivent pas être exclus du processus de conservation. Dans ses publications récentes, le club souligne que l’absence d’arrêté ministériel empêche actuellement les conseils cynégétiques de proposer des plans de gestion conformes, malgré leur volonté de s’engager. Le RSHCB plaide pour un cadre clair, stable et pragmatique, intégrant des outils modernes comme les drones, l’imagerie satellite, et des méthodes standardisées de comptage. Il insiste également sur la nécessité de mobiliser les agriculteurs, de réguler les prédateurs, et de renforcer l’éco-conditionnalité des aides agricoles. Pour le club, la chasse à la perdrix grise peut être maintenue dans les territoires où un plan conforme est validé, à condition que l’arrêté ministériel attendu soit publié rapidement. Il rappelle que les chasseurs engagés dans la sauvegarde de l’espèce ne doivent pas être découragés, et que la balle est désormais dans le camp de la Ministre.
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