Décès de Serdu, dessinateur engagé et fondateur de l’Artifoire d’Hollain : « Un marqueur pour dénoncer les injustices »

serge duhayon serdu

Serge Duhayon, alias Serdu, figure incontournable du dessin en Wallonie picarde, s’est éteint à l’âge de 85 ans. Originaire de La Glanerie (Rumes) et installé à Hollain (Brunehaut), il laisse derrière lui une œuvre monumentale et un engagement sans faille au service de la culture locale et de la justice sociale.

serge duhayon serdu

Un artiste fidèle à ses valeurs et à sa région

Serdu n’a jamais quitté sa Wallonie picarde natale, préférant s’installer à quelques kilomètres de son village d’origine. Tout au long de sa carrière, il est resté fidèle à ses valeurs, utilisant le dessin comme un outil pour dénoncer les injustices du monde moderne. Sa démarche était claire : mettre l’accent sur les faits, et non sur les hommes. Il refusait généralement de dessiner les hommes politiques, estimant que ce n’était pas à eux d’être mis en avant, mais bien les problématiques de société.

Plus de 400 000 dessins, une œuvre colossale

Professeur de dessin à l’Institut Don Bosco de Tournai pendant quarante ans, Serdu a formé des générations d’élèves tout en poursuivant une carrière de dessinateur infatigable. Sa production, qu’il estimait à plus de 400 000 croquis, a été publiée dans de nombreux quotidiens et magazines belges d’information. Il répondait toujours présent pour illustrer en direct les émissions de la chaîne locale Notele, notamment lors des élections ou des grands événements régionaux.

Un pilier de l’Artifoire d’Hollain et du tissu associatif

Cofondateur de l’Artifoire d’Hollain en 1975, Serdu en est resté l’une des chevilles ouvrières pendant de longues années, insufflant à la foire artisanale une dimension artistique et humaine unique. Il était également très impliqué dans la vie associative locale, offrant volontiers ses dessins à des clubs, associations ou citoyens, notamment pour la recherche contre le cancer.

Une autre cause lui tenait particulièrement à cœur : l’APPER (Association de Parents pour la Protection des Enfants sur les Routes), qu’il avait fondée avec son frère après le décès tragique de sa fille de 2 ans et demi dans un accident de voiture. Son engagement citoyen et sa générosité étaient unanimement salués.

Un engagement jusqu’au bout

Touché par la maladie de Parkinson, Serdu n’a jamais cessé de dessiner. Il avait encore accepté d’illustrer un livre pour récolter des fonds, parvenant à tourner en dérision les effets secondaires de la maladie avec son humour caractéristique.

En 2016, la Ville de Tournai lui avait décerné la médaille du Petit Potier, la plus haute distinction de la ville, en hommage à son œuvre et à son implication dans la vie culturelle locale.

Un héritage vivant

Serdu laisse derrière lui des centaines de milliers de dessins, présents dans de nombreux foyers de Wallonie picarde, mais surtout le souvenir d’un homme simple, serviable et profondément engagé. « Mon métier, c’est de faire sourire. Excusez-moi pour ce faux pas », aimait-il rappeler avec modestie et humour. La Wallonie picarde rend hommage à l’un de ses plus grands artistes, dont l’œuvre continuera d’inspirer et de questionner.

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