Agent en danger : des propos jugés discriminatoires et humiliants coûtent son poste à un professeur d’histoire de l’Athénée de Gembloux

affaire conseil d'état disciplinaire

Un professeur d’histoire de l’athénée royal de Gembloux a été licencié pour faute grave. L’enseignant contestait sa démission disciplinaire prononcée par Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) devant le Conseil d’Etat estimant que les faits reprochés étaient mal interprétés ou sortis de leur contexte. Il refusait d’appeler un élève transgenre par son prénom choisi, il avait fait des remarques sur le poids d’une élève et il avait tenu des propos humiliants.

Des propos jugés déplacés, humiliants ou discriminatoires

S.W, le professeur, nommé à titre définitif depuis 2007, a été suspendu préventivement en octobre 2023, après une plainte d’un parent d’élève. Une enquête interne a permis d’auditionner plus de cinquante témoins, dont des élèves, anciens élèves, collègues et directions. Il a été licencié pour démission disciplinaire en octobre 2024.

Les faits reprochés sont graves :

  • Refus d’appeler une élève transgenre par son prénom choisi ;
  • Remarques sur le poids d’une élève ;
  • Association du nom d’une élève au métier de travailleuse du sexe, en réponse à des moqueries ;
  • Commentaire à une élève d’origine nord-africaine : « Pas mal pour une étrangère », présenté comme un compliment mais jugé péjoratif ;
  • Demande à une élève ukrainienne de commenter la guerre russo-ukrainienne devant la classe, alors qu’elle ne parlait pas français.

L’enseignant a également été accusé de faire de la propagande pro-russe et de revendiquer ses opinions politiques en classe, ce qui a été jugé inapproprié dans un cadre scolaire.

Une défense fondée sur l’humour et la pédagogie

Lors de son audition disciplinaire, le professeur a reconnu les propos, mais les a justifiés par une volonté de créer un climat détendu, évoquant un « humour amical », une « connivence pédagogique », et des intentions non malveillantes.

Il a affirmé :

« Je ne ferai plus d’humour, je ne m’intéresserai plus aux élèves et à leur prénom. Le problème c’est ça : c’est ma prise de contact. »

Dans sa note de défense, il a présenté 44 témoignages d’élèves et collègues en sa faveur, soulignant la qualité de son enseignement et l’absence de plainte formelle pour certains faits.

La chambre de recours de WBE a estimé que seuls deux faits (le surnom « Kirikou » et l’usage du mot « autiste ») justifiaient une réprimande, mais pas une démission disciplinaire.

Le Conseil d’État valide la décision de WBE

Le Conseil d’État a jugé que :

  • Les propos étaient avérés et reconnus par l’enseignant ;
  • La procédure disciplinaire avait respecté les droits de la défense ;
  • La sanction était proportionnée, compte tenu de la gravité des faits et de l’absence de remise en question ;
  • La confiance entre l’employeur et l’enseignant était rompue, rendant toute collaboration impossible.

La demande de suspension est donc rejetée. L’enseignant reste démis de ses fonctions. Cette affaire rappelle que les propos tenus en classe, même sous couvert d’humour, doivent respecter les principes de neutralité, de respect et de correction attendus dans l’enseignement public.

Source : https://www.raadvst-consetat.be/arr.php?nr=262386

(4 visites aujourd'hui)