Piscine de Leuze-en-Hainaut : un projet qui coule à pic ?!

Alors que la piscine communale de Leuze-en-Hainaut fermera définitivement ses portes ce samedi 9 août 2025, la population s’interroge : comment en est-on arrivé là ? Entre subventions régionales non exploitées, projet supracommunal avorté avec Péruwelz et revirements budgétaires, retour sur un dossier emblématique d’un service public qui disparaît, faute de vision claire et de moyens suffisants.
En décembre 2023, la Régie autonome de Leuze-en-Hainaut obtenait un subside de 390.000 € dans le cadre du programme UREBA exceptionnel du Plan de Relance wallon. Ce montant visait à améliorer la performance énergétique de la piscine communale, un bâtiment vieillissant mais encore fréquenté par de nombreuses écoles et familles.
Des subsides obtenus, mais un projet suspendu …
Mais en 2025, le projet de rénovation est suspendu, jugé trop coûteux pour les finances communales. La Ville a renoncé à une modernisation complète, malgré l’urgence de la situation.
Un plan piscine manqué
Leuze avait été retenue dans le Plan Piscines wallon, avec à la clé plus de 3 millions d’euros pour une rénovation en profondeur. Mais ce financement a été réaffecté à d’autres communes, faute d’avancées concrètes.
Ce revers s’explique en partie par un projet supracommunal longtemps imaginé avec Péruwelz, jamais concrétisé. Péruwelz s’est retirée dès 2019, mais Leuze-en-Hainaut a tardé à réorienter sa stratégie, perdant ainsi un temps précieux.
Une fermeture définitive en 2025
Après une fermeture temporaire durant l’été 2024, la piscine avait rouvert à la rentrée scolaire. Mais cette réouverture n’était qu’un sursis : la fermeture définitive est prévue ce samedi 9 août 2025.
Pour marquer cette fin, les habitués organisent une cérémonie symbolique : un dernier plongeon en guise d’adieu à un lieu qui a marqué des générations.
Une commune en transition financière
La décision de fermeture s’inscrit dans un contexte budgétaire tendu. Leuze-en-Hainaut était sous Plan Oxygène avant les élections communales de 2024, un dispositif régional destiné aux communes en grande difficulté financière.
Le nouveau collège communal, issu des élections de 2024, a adopté une nouvelle stratégie qui a permis à la commune de sortir du Plan Oxygène. Mais cette sortie s’est accompagnée de choix budgétaires douloureux, dont la fermeture de la piscine, jugée trop coûteuse à maintenir.
Des alternatives régionales non exploitées
Outre le Plan Piscines et UREBA, d’autres leviers auraient pu être explorés :
- Fonds européens FEDER, pour des projets à vocation sociale ou éducative.
- Appels à projets en économie circulaire ou transition énergétique, pour une reconversion du site.
- Partenariats public-privé, comme cela se fait dans d’autres communes pour mutualiser les coûts d’exploitation.
Et maintenant ?
À ce jour, les autorités communales ne se sont pas prononcées sur l’avenir du bâtiment. C’est donc la population elle-même qui espère que le site ne se détériorera pas trop rapidement et qu’il pourra retrouver une nouvelle utilité.
Le projet de bassin à proximité de Thumaide devait rapprocher les deux villes
Le projet de piscine pluricommunale entre Leuze-en-Hainaut et Péruwelz devait être un symbole de coopération locale, un outil moderne et mutualisé, chauffé grâce à l’incinérateur de Thumaide. Mais en avril 2019, contre toute attente, les autorités péruwelziennes ont décidé de se retirer, invoquant des coûts de fonctionnement trop élevés (plus de 400.000 € par an) et un manque de partenaires.
Ce revirement a surpris, d’autant que les deux communes possédaient des infrastructures vieillissantes (1974 pour Leuze, 1958 pour Péruwelz) et semblaient prêtes à unir leurs forces. Le projet, soutenu par l’ex-ministre des infrastructures sportives, aurait pu bénéficier d’un subside exceptionnel de plus de 3 millions €, mais il a été coulé par des divergences politiques et une absence de vision commune.
Une piscine, un enjeu climatique et social
Aujourd’hui, alors que le réchauffement climatique rend les étés de plus en plus chauds, disposer d’une piscine publique n’est plus un luxe, mais une nécessité pour le bien-être des citoyens. L’abandon du projet commun et la fermeture de la piscine de Leuze-en-Hainaut privent les habitants d’un espace de fraîcheur, de sport et de lien social.
Les responsabilités politiques sont claires : l’absence de coordination entre les deux entités, l’immobilisme pour chercher une solution à Leuze-en-Hainaut et le désengagement de Péruwelz ont empêché la création d’un bassin fonctionnel et durable. Il est temps que les communes de Wallonie picarde repensent ensemble leurs infrastructures, avec une vision à long terme et une volonté réelle de coopération.