Péruwelz hisse le drapeau palestinien : un geste symbolique qui divise

Le conseil communal de Péruwelz a voté, le 26 juin 2025, une motion de soutien à la population de Gaza. En conséquence, le drapeau palestinien a été hissé sur la façade de l’hôtel de ville, suscitant une vague de réactions contrastées sur les réseaux sociaux.

La motion, consultable sur le site officiel des délibérations communales (voir ci-dessous), exprime la solidarité de la Ville de Péruwelz envers les civils palestiniens victimes du conflit en cours. Elle appelle également à un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi qu’au respect du droit international humanitaire. Ce geste, qualifié de « fort » et « humain » par plusieurs élus et citoyens, vise à sensibiliser l’opinion publique locale à la situation dramatique vécue à Gaza.

Mais cette initiative n’a pas fait l’unanimité. Sur Facebook, les commentaires oscillent entre soutien enthousiaste et critiques virulentes. Certains saluent « un geste de dignité » et « une preuve d’humanité », tandis que d’autres dénoncent une « politisation de l’espace public » ou un « soutien implicite à une organisation terroriste ». Plusieurs internautes s’interrogent sur l’absence de gestes similaires pour d’autres conflits, comme en Ukraine ou au Soudan. D’autres encore reprochent à la commune de ne pas se concentrer davantage sur les problèmes locaux.

Ce débat reflète une tension croissante entre engagement international et neutralité des institutions publiques. À Péruwelz, comme ailleurs, la solidarité affichée n’échappe pas à la polarisation des opinions.

MOTION GAZA de Péruwelz

Motion GAZA

Considérant la création de l’Etat d’Israël en 1948 sur base du plan de partage de l’ONU et l’expulsion de 800.000 Palestiniens dans les mois qui ont précédé et suivis;

Considérant la politique israélienne illégale de colonisation et d’occupation du territoire palestinien occupé depuis 1967 et le système d’apartheid mis en place par les autorités israéliennes à l’encontre de la population palestinienne ;

Considérant la résolution 242 du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967 qui condamne l’acquisition de territoire par la guerre, qui demande le retrait des forces armées israéliennes des territoires palestiniens occupés et qui affirme l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique de tous les États de la région ;

Considérant qu’aujourd’hui, quelque 650 000 colons sont installés illégalement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et que nombreux de ces colons participent au morcellement du territoire palestinien et à une stratégie de violence et d’oppression du peuple palestinien ;

Considérant le blocus de Gaza imposé à l’entièreté des 2 millions d’habitants depuis 2007 et les conséquences humanitaires, économiques et sociales qui ont plongé la population dans une extrême pauvreté ;

Considérant l’attentat terroriste du Hamas survenu le 7 octobre 2023 qui a causé la mort de 1200 personnes israéliennes et la prise d’otage de 252 personnes ;

Considérant que l’offensive israélienne menée dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 a causé, au 9 mai 2025, la mort de 52 787 personnes, dont plus de 15 000 enfants, et fait 119 349 blessés, selon les autorités palestiniennes locales ;

Considérant l’étude du Lancet du 10 janvier 2025 estimant que ce nombre était sous-estimé de 41%, et que le nombre de mort indirect pourrait être jusqu’à quatre fois plus élevé ;

Considérant la mort de plus de 200 journalistes palestiniens et de 300 travailleurs humanitaires dans la Bande de Gaza depuis le début de l’offensive israélienne qui a suivi le 7 octobre ;

Considérant la catastrophe humanitaire majeure engendrée par ces bombardements depuis 580 jours et les frappes répétées sur des infrastructures civiles telles que des écoles, des marchés et des camps de réfugiés ;

Considérant que les déplacements forcés de population, affectant à Gaza plus de 80 % des 2,3 millions d’habitants peuvent être considéré comme des crimes de guerre voire des éléments constitutifs d’un crime de génocide ;

Considérant que le gouvernement israélien a mis en place volontairement un blocus humanitaire total de la Bande de Gaza depuis le 25 mars 2025 qui entraine une famine et risque d’entraîner dans les prochains jours la mort de milliers de personnes ;

Considérant que les déclarations d’officiels israéliens – notamment du Premier ministre Benyamin Netanyahou, du ministre des Finances Bezalel Smotrich, du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant – constituent des éléments de preuve d’une intention de commettre un crime de génocide ;

Considérant que le “risque de Génocide” est repris et détaillé par de nombreuses ONG de renommées internationales telles que Amnesty International, Human Right Watch, Médecin sans frontières mais aussi des organisations belges telles que le CNCD 11.11.11, l’association Belgo-Palestinienne, l’Union des Progressistes Juifs de Belgique ;

Considérant les déclarations du 6 novembre de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, alertant sur le risque de génocide à Gaza ;

Considérant l’ouverture d’une enquête en 2021 par la Cour Pénale Internationale sur des crimes de guerre présumés dans le Territoire palestinien occupé et considérant les appels croissants à enquêter sur de possibles crimes contre l’humanité et crimes de génocide perpétrés par le gouvernement israélien, notamment la déclaration du procureur fondateur de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo du 15 octobre 2023 ;

Considérant l’affirmation de longue date par les organisations de défense palestiniennes des droits humains, récemment rejointes par des organisations internationales telles que Human Rights, Watch, Amnesty International ou israéliennes comme B’Tselem ou Yesh Din ainsi que par plusieurs experts des Nations Unies selon lesquels l’État d’Israël se rend coupable du crime contre l’humanité d’apartheid ;

Considérant que la convention pour la prévention et la répression de crime de Génocide de 1948, oblige ses Etats signataires, dont la Belgique, à prendre des mesures pour prévenir les crimes de génocide et le crime de génocide ;

DÉCIDE l’adoption d’une motion engageant la Ville de Péruwelz, tant que l’État d’Israël ne respectera pas le droit et les conventions internationales :

– De déclarer la commune de Péruwelz “Libre d’apartheid” en veillant désormais à ne pas soutenir des entreprises ou des associations impliquées dans les violations des droits humains en Palestine occupée.

– De hisser le drapeau palestinien en solidarité avec la population civile palestinienne.

– De ne pas recevoir de représentant de l’État Israélien sur le territoire de la commune de Péruwelz.

– De veiller à exclure de ses marchés publics toute entreprise (sous-traitants inclus) ayant des liens ou jouant un rôle dans l’occupation de la Palestine, et non respectueuse du droit international.

– De participer au boycott économique, culturel, sportif, diplomatique d’Israël.

– De refuser tout partenariat avec des institutions culturelles ou sportives subventionnées par l’État d’Israël.

– De publier cette motion dans le journal trimestriel de la ville de Péruwelz et sur son site internet.

– De relayer avec insistance auprès du gouvernement fédéral les demandes urgentes suivantes :

La reconnaissance de la Palestine comme État souverain.

De favoriser au niveau diplomatique la levée du blocus immédiate et l’entrée de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza,

De favoriser urgemment la mise en place d’une flottille humanitaire internationale à destination de Gaza,

D’œuvrer à un cessez-le-feu immédiat, à la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens,

De soutenir la suspension de l’accord d’association UE-Israël demandée par les Pays-Bas et soutenue par des pays européens,

De prendre des sanctions économiques et diplomatiques contre les dirigeants israéliens responsables dans les violations du droit international,

De déclarer publiquement la mise en place d’un embargo militaire contre l’état d’Israël,

D’interdire sur le sol belge l’importation de produits issus des colonies israéliennes,

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